Que devient notre fameux chêne ? Lui qui préférait s’épanouir
dans le présent et profiter de l’énergie plein yang de l’été. Il avait bien
raison.
Ma promenade d’aujourd’hui apporte une triste fin à notre
relation.
Une nouvelle vague d’abattage était annoncée début septembre. A
plusieurs reprises, je n’ai pu m’approcher de la parcelle où logeait mon chêne.
Aujourd’hui, ni les flaques d’eau, ni les ornières, ni la pluie
n’ont eu raison de mon entrain à aller le revoir, enfin.
L’abattage a eu raison de nous. Lui aussi a eu le tronc tranché.
Lui, qui préservait pourtant encore la mémoire du lieu, n’offrait
qu’un seul intérêt lucratif pour les gestionnaires de la forêt.
Tout n’était plus que branchages, que terre nue boueuse, que
tristesse. L’espace était empli à nouveau de tristesse.
Et pourtant alentours le feuillu est encore bien vert et présent.
La douceur de cet automne a maintenu l’énergie assez haut mais le vent ne porte
qu’une langueur, oserais-je dire monotone ?
Le vent ne porte plus que le terrible fracas des lourds
véhicules de l’autoroute. Plus rien ne l’arrête, plus assez de feuillus. Ce fracas
se répand dans chaque recoin disparu de la forêt.
A la frontière des parcelles abattues, un beau chêne, debout,
refusa mon approche. « Qui es-tu toi l’humaine ? ».
Je respectais son refus de se laisser enlacer.
Un autre plus loin l’accepta.
Il me dit « A qui veux-tu que je transmette ma mémoire ?
A ces frêles bouleaux qui seront abattus dans moins de 10 ans ? C’est encore
une désolation aussi importante que celle que j’ai connue il y a 60 ans ».
Quand nous humains, accepterons-nous la vie et la conscience des
végétaux ? Quand comprendrons-nous qu’ils sont plus source de vie que l’argent
que nous aurons tiré de leur vente ?
Ce jour-là, la conscience humaine aura fait un pas de géant.
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