jeudi 21 décembre 2017

Fontainebleau : nouvelle visite auprès du chêne

Atelier en forêt le Samedi 17/03/18 - voir page conférences


Que ressens-tu aujourd’hui ?
Toujours de la tristesse et du mal-être diffus.
Plusieurs tirs de chasse retentissent au loin (jusqu’alors inaudibles).
La chasse t’impacte-t-elle  ?
Oui les animaux sont nos amis. Nous ressentons leurs peurs et leurs fuites.
Les hommes de l’ONF viennent de m’expliquer que les sangliers et les cerfs mangent tes fruits, les glands et leurs jeunes pousses. Pour cette raison, ils ferment la parcelle dans laquelle tu vis pour que tes fruits puissent germer et donner naissance à de nouveaux chênes. Qu’en penses-tu ?
Les animaux sont nos amis. Nous ne leur reprochons ni de manger nos fruits et leurs pousses, ni de labourer notre terre. Nos branches se cassent et laissent passer suffisamment de lumière pour que les fruits puissent germer.
Ils disent que dans 20 ou 30 ans, lorsque les jeunes pousses seront suffisamment grandes, ils ouvriront les parcelles et t’abattront toi et les autres vieux chênes.
Que sont 20 ou 30 ans relativement à nos vie de centenaires ? Nous sommes la mémoire du lieu. C’est nous qui la transmettons à nos jeunes.
Je suis la dernière humaine que tu verras passer près de toi.
Détrompes-toi, je vois et sens de loin. Je ressentirai tous les hommes qui passeront au-delà de la clôture.

Je remercie ce premier chêne et vais me ressourcer auprès d’un autre.
Là encore il émet une mélancolie et me répond :
« Je ne peux pas être en paix. Entends-tu ce corbeau ? Il sonne l’alerte. ».
A nouveau, des tirs de fusils résonnent alors qu’ils s’étaient tus depuis la première salve. Comme si l’arbre me prévenait des coups de fusil à venir.

Un troisième me déclare que les animaux sont leurs amis, qu’ils sont heureux d’accueillir les oiseaux. Il confirme que 20 ou 30 ans c’est presque l’équivalent d’une étoile filante à leur échelle. Il n’a pas de répit malgré la saison hivernale. Il ne fait pas assez froid, l’énergie est toujours flottante à hauteur du sol. A cela s’ajoute une résonnance permanente et perturbante : la route au loin, les moteurs d’avion qui résonnent dans leurs branchages et les tirs de fusil, sans compter les tracteurs et ustensiles pour clôturer la parcelle. Les hommes ne leur laissent que peu de répit. Le seul qu’ils peuvent espérer est celui de l’hiver. Nous y sommes mais l’activité humaine ne s’arrête pas.